Les parfums, les couleurs et les sons discutent !

Minute rédigée par Frédérique Doucet 

 Je vous ai parlé de cette alchimie fabuleuse qui transforme d’abord un tas de signes en mots, avant que ces mots s’incarnent pour devenir « des hommes » sous la plume de nos écrivains. Mais cela ne s’arrête pas là !

La littérature, c’est non seulement un film en 3D sans frais d’effets spéciaux ni supplément pour les lunettes et qui se joue à n’importe quel moment dans votre cerveau, mais encore un monde sensoriel des plus divers.

Aucun livre ne vous prend au nez comme celui de Patrick Süskind judicieusement intitulé Le Parfum. Vous ne pouvez vous empêcher de sentir la pestilence qui accompagne la naissance du héros Jean-Baptiste Grenouille, non plus que les merveilleux parfums qu’il compose plus loin dans l’ouvrage. Quelle est donc cette magie qui fait surgir des odeurs avec des mots ?

Pour les couleurs, c’est peut-être plus banal, car le miracle s’est produit plus souvent sous la plume de beaucoup d’auteurs. Mais quand la couleur s’accompagne aussi de la texture, du bruissement, du chatoiement des tissus, c’est qu’on est Au Bonheur des Dames. On peut y toucher la douceur des velours, éprouver le glissant des satins, capter les reflets de la moire, saisir la délicatesse des dentelles qui se trouvent à profusion dans ce paradis, illustrant un nouveau concept à l’œuvre : créer le besoin par l’envie pour vendre l’inutile. Dans ce livre d’une modernité extraordinaire, Zola n’est pas seulement un écrivain, c’est aussi un peintre avec sa palette… juste des mots.

Vous ne me direz pas que ce n’est pas magique !

Quant à moi, j’en ai tout simplement le vertige !

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