Impressionnants et émouvants

Minute rédigée par Frédérique Doucet

           index Ils ont entre 19 et 26 ans, suivent des cursus différents mais ont trois points communs. Inscrits à l’université de Saint Denis, dans le « fameux » département 93 et issus, selon l’euphémisme à la mode, de la diversité ils aiment par-dessus tout la langue française.

            Ainsi 110 d’entre eux ont choisi de participer au concours Eloquentia et, en six semaines, doivent apprendre à parler pour convaincre, pour rassembler, pour émouvoir le public auquel ils s’adressent. Un(e) seul(e) sera vainqueur(e) de cette épreuve mais tous en sortiront enrichis et plus forts.

            C’est cette préparation que le documentaire À voix haute : la force de la parole nous propose de suivre. Les professeurs qui les entraînent sont aussi divers que les candidats. Un grand avocat parisien enseigne la rhétorique classique qui leur permettra de réfléchir au sujet proposé et surtout, de trouver et d’organiser leurs arguments afin qu’ils fassent mouche. Un professeur de slam leur apprend à jouer sur les mots et les rythmes, à soigner leur diction afin d’être entendus par tous. Une professionnelle du théâtre travaille avec eux la gestuelle, la respiration, la maîtrise du corps et des émotions…

            Ces jeunes ont un talent fou. Ils sont inventifs, créatifs, naturels ; ils sont cultivés, ils réfléchissent, ils proposent leur vision du monde à travers les discours qu’ils élaborent.

            Ils savent qu’ils ont devant eux plus d’obstacles que d’autres. Ils savent que, pour les franchir, ils devront faire plus d’efforts que certains de leurs congénères. Ils y sont prêts. Ils ont « la rage », mais elle est positive. C’est la volonté de décoller l’étiquette pour montrer qui on est en réalité, ce qu’on vaut vraiment. Pour montrer qu’on est capable et qu’on peut s’en sortir. « La parole est une arme », dit l’un d’entre eux. Il veut s’en servir pour convaincre, pour tendre la main, partager et inviter à fabriquer un monde meilleur, pas pour blesser. Si la parole était mieux maîtrisée, plus utilisée, plus sereinement, de nombreux conflits pourraient être évités.

            L’éloquence n’est pas un art dépassé, c’est ce que nous montre ce documentaire que l’on suit passionnément.

            Des épreuves de départ aux quarts, demi et finale, ces jeunes gens et jeunes filles nous impressionnent par leur talent et leur volonté, nous émeuvent par les sentiments qu’ils éprouvent et nous font partager. Du rire aux larmes, on est constamment en empathie avec eux.

            Quand le film se termine, on se dit qu’on retournera le voir parce qu’il fait du bien, tout simplement.

Stéphane de Freitas et Ladj Ly, À voix haute : la force de la parole, 2016.

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