Courage et dignité à La Havane

Minute rédigée par Frédérique Doucet

      imagesNous sommes à La Havane, capitale à la beauté décrépite, mais toujours altière, qui n’a d’égal que la dignité de ses habitants dans leur combat quotidien pour la survie.     Jesús, le héros du film Viva, jeune éphèbe discret et sensible, gagne sa vie en coiffant des vieilles dames à domicile et des perruques pour les travestis du cabaret tenu, d’une main ferme et bienveillante, par « Mamá ». Cet homme, vieillissant mais toujours talentueux, mérite, sans conteste, ce surnom maternel que sa troupe lui a attribué.     Quand une des chanteuses s’en va brusquement, Jesús, pour la première fois, entrevoie la possibilité de monter sur scène et de chanter lui aussi.     Lors de sa prestation, un peu maladroite encore, le jeune travesti est brutalement frappé par un homme du public. Il s’agit de son père, récemment sorti de prison et que le jeune homme ne connaît pas. Il va devoir malgré cela cohabiter avec son géniteur qui récupère, du même coup, sa maison et son autorité paternelle.     Ancien boxeur, rongé par le rhum, la cigarette, la solitude et le désœuvrement, Ángel a du mal à comprendre les aspirations de ce fils délicat, serviable et efféminé. Peu à peu cependant, ils vont apprendre à se connaître et, sinon à s’apprécier, du moins à se respecter mutuellement. Pour contenter ce père, dont il sent qu’il n’est pas seulement une brute, et être un bon fils, Jesús veut renoncer au cabaret.     C’est compter sans Mamá qui, tout en douceur, lui fait comprendre qu’il n’a pas à avoir honte de ce qu’il est, que cela ne fait pas de lui une mauvaise personne, et qu’on ne peut vivre pleinement qu’en s’acceptant.     Dans ce film d’une grande humanité, aucun misérabilisme, aucun manichéisme, mais beaucoup de dignité, d’ardeur, de solidarité. Un désir de mordre la vie à pleine dent mais sans blesser autrui, de déceler, par delà les apparences, la vraie valeur des personnes.

film cubain sorti en salles le 06/07/16.

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