Minute rédigée par Frédérique Doucet
Non sans humour et surtout non sans humanité, Truman traite d’un sujet très délicat : comment se comporter face à une mort annoncée ? Cette question vaut autant pour celui qui va mourir, Julián, campé ici par un Ricardo Darín comme toujours impeccable, que pour ses proches et ses relations.
La première difficulté, pour Julián, est d’accepter la réalité et de le faire avec courage et dignité face à sa dégradation personnelle. Il se pose aussi une question : doit-il avouer à sa famille la gravité de son état ou bien la laisser dans l’ignorance ? La protégera-t-il vraiment en adoptant cette posture ?
Pour l’entourage aussi, c’est compliqué. Certains, comme le directeur du théâtre où joue Julián, déguisent en compassion leur intérêt personnel, remplaçant l’acteur bientôt défaillant afin qu’il puisse se reposer… Un proche feint de ne pas le voir afin d’éviter d’aborder le thème redouté. Même son meilleur ami, incarné par Javier Cámara, prend pour prétexte son éloignement (il vit au Canada) pour retarder le plus possible sa visite. L’idée de retrouver Julián puis de le perdre presque aussitôt après lui est insupportable. Il le rejoindra en Espagne cependant, car l’amitié donne des responsabilités auxquelles on ne peut se soustraire. C’est lui aussi qui se chargera de Truman, grand vieux chien, fidèle compagnon de solitude de Julián.
L’animal est le fil rouge du film. Julián ne veut pas mourir sans lui avoir trouvé un nouveau foyer où il sera bien. C’est son devoir.
Malgré son thème, Truman n’est pas un film lugubre ou désespéré. Au contraire, c’est un éloge de l’amitié, des liens de toutes sortes que l’on tisse durant la vie et qui sont si importants. C’est aussi un film sur la dignité et sur la responsabilité que nous donnent toutes ces relations que l’on a construites.
Cesc Gay, Truman, film espagnol, 2015.