Minute rédigée par Frédérique Doucet
C’est au XVIIIe siècle que se situe le roman de l’écrivaine canarienne Fátima Martín Rodríguez intitulé El ángulo de la bruma et dans sa version traduite par André Godet L’Angle de la brume.
Construit avec de nombreux retours en arrière entre 1738 et 1706, ce roman historique mêle réalité et fiction.
La réalité est celle des savants Pierre Louis Moreau de Maupertuis qui définit la forme de la terre, aplatie à ses pôles, et Louis Feuillée qui cartographia le méridien d’origine sur l’île de El Hierro et mesura la hauteur du volcan Teide, sur l’île voisine de Tenerife.
La fiction repose sur des personnages inventés mais qui prennent rapidement la première place dans le livre : Julien de Marivaux (censé être le frère du célèbre écrivain Pierre de Marivaux) et Claude Dufour, fils d’un horloger et assoiffé de savoir. Ils participent à l’expédition du père Feuillée aux Canaries où ils rencontrent Emilia, une jeune fille à la forte personnalité, dont ils s’éprennent tous les deux. Cet attachement les oppose et les lie tout à la fois. Ils vont cependant s’éloigner puis se perdre de vue durant des années car, malgré la rationalité qui caractérise les scientifiques, Julien se laisse séduire par l’illusion de prouver la véracité d’une légende, celle de l’Île Errante ou Île Cachée, la Non Trubada ou encore Saint Brandan qui apparaît et disparaît au large des Canaries. Il entraîne Emilia dans sa quête et leur périple va bientôt être au centre du roman, supplantant tout autre thème et développant une histoire d’amour conduisant à un épilogue peu vraisemblable. Cette aventure sentimentale nous éloigne des enjeux réellement historiques qui étaient ceux du début de l’ouvrage.
Malgré ces quelques réserves, le roman ne manque pas d’intérêt et invite à sa lecture en espagnol.
Fátima Martín Rodríguez, L’Angle de la brume, L’Harmattan, 2022, traduit de l’espagnol par André Godet.