Exil, honte et amitié

Minute rédigée par Frédérique Doucet

 

Exil, honte et amitié

 Hiver 1939. Des républicains espagnols fuient l’avance de Franco et ses exactions. À la recherche de la liberté, ils passent la frontière française et pensent trouver le salut dans ce pays ami. Parmi eux un dessinateur : Josep Bartoli. C’est son histoire que narre le film récemment sorti : Josep.

La plage française qui accueille les exilés n’a rien d’un séjour de villégiature. Ciel gris, sable mouillé, barbelés et tirailleurs sénégalais montant la garde, ils sont parqués comme des bêtes enragées. Ni tentes, ni sanitaires, rien. Rien que l’humiliation, les injures, les quolibets, la faim, la saleté, la vermine, la maladie. France terre d’accueil ? La crête du coq gaulois doit rougir de honte en voyant comment les gendarmes du cru les traitent.

Malgré tout, parmi ces agents chargés du camp, un « bleu » sent monter en lui la compassion que lui inspirent ces êtres démunis. Il ne peut pas tous les aider et il est surveillé de près par ses pairs, mais de petits gestes en petits gestes, il finira par sauver l’un d’entre eux, le dessinateur Josep Bartoli.

Dans sa grande modestie, ce gendarme au grand cœur se dit qu’un seul c’est bien peu face à tant de misère. Cependant, aux yeux de son petit-fils auquel, bien plus tard, il raconte son histoire, il est un héros continuant son combat dans la Résistance sous le pseudonyme de Josep.

Le lien créé entre le français et l’artiste espagnol sera indéfectible. Certes les relations se distendront et ils se perdront de vue mais pour mieux se retrouver des années plus tard au Mexique où ils côtoieront Frida Khalo et Diego Rivera.

La technique est particulière. Ce n’est pas à proprement parler un dessin animé qui nous raconte cette histoire à la fois terrible, triste et émouvante. Seuls quelques éléments du décor sont en mouvement créant l’illusion de l’animation. Les illustrations faites par Bartoli sont reprises et montrent l’évolution des camps et la façon dont les espagnols y vivaient au fur et à mesure que le temps passait et que les hommes parvenaient à aménager et à améliorer leur espace vital.

Cela évoque moment de l’histoire de France souvent occulté, car fort peu glorieux. Plus le film avance et plus les couleurs choisies évoluent. Le gris-blanc entre pluie et brouillard du début laisse place à la couleur. Celle-ci finit par éclater au Mexique, symbole de la liberté retrouvée, de la lutte et de la vie qui continuent.

Aurel, Josep, film franco espagnol sorti en salle en octobre 2020

 

 

 

 

 

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