Un citoyen peu ordinaire

Minute rédigée par Frédérique Doucet

Comme le dit le proverbe « nul n’est prophète en son pays » car, bien que Lyonnaise d’adoption depuis longtemps, je ne connaissais pas Maître Philippe de Lyon. C’est un DVD, sorti en 2005 pour commémorer le centenaire de sa mort, qui me l’a fait découvrir récemment.

De nos jours, inconnu pour les uns et illustre pour les autres ; à son époque adulé par ses amis, ses disciples, ses patients et décrié par ses détracteurs et de nombreux journalistes, Nizier Anthelme Philippe, Maître Philippe pour les intimes, est un personnage hors du commun.

Né en 1849 dans une famille aux prénoms qui semblent prédestinés – son père s’appelait Joseph et sa mère Marie –, il guérit quelqu’un pour la première fois à l’âge de treize ans. Il va bientôt quitter son village de montagne pour aller faire son apprentissage chez son oncle boucher à Lyon et là, il  continuera à guérir des gens.

Lorsque, grâce à l’aisance donnée par son mariage, il aura sa propre maison dans cette métropole, c’est par centaines qu’il recevra des malades chaque jour. Il ne demande rien en échange de ses soins, il veut juste que les bénéficiaires de ses services ne disent pas de mal de leur prochain et s’efforcent au bien. Il guérit au nom du Christ et se nomme lui-même « le chien du Berger ». Des témoins oculaires l’ont vu ressusciter un enfant de sept ans que deux médecins avaient déclaré mort. Jean Chapas, cet enfant devenu adulte, sera son plus fidèle disciple et perpétuera son œuvre de charité et sa mémoire après la mort du maître en 1905.

Si Nizier Philippe n’a rien écrit lui-même, de nombreuses personnes connues ont témoigné pour lui et pris note de ses paroles. De nombreux écrits relatent ses guérisons miraculeuses dont profitaient indifféremment riches et pauvres. M. Philippe soulageait les corps et les misères matérielles, mais toujours si discrètement que cela ne se saura qu’après sa mort.

Cet ami des pauvres fut aussi celui des plus grands comme en attestent plusieurs séjours à la cour du tsar Nicolas II. La police le soupçonna alors d’espionnage et, grâce aux rapports faits par ces fonctionnaires, cette époque de la vie de Maître Philippe est très documentée ! Il n’exerce pourtant aucune activité politique. Ce qui compte pour lui c’est de soulager son prochain et de lui laisser entrevoir le chemin à suivre, celui du bien.

Le documentaire de Bernard Bonnamour, Maître Philippe de Lyon, qui nous présente cet homme est très fouillé et nous offre une première approche du personnage. On y voit les lieux où M. Philippe a vécu et beaucoup d’archives à son propos. Cela nous met en appétit pour aller plus loin. En effet, on aimerait avoir plus de détails sur les patients, les guérisons opérées et les méthodes utilisées. Par ailleurs, alors que l’on sait que de multiples détracteurs l’ont stipendié et que, même de nos jours il ne fait pas l’unanimité, seuls des admirateurs sont interrogés pour nous parler de lui. C’est un peu dommage.

Cependant, malgré ces quelques restrictions, le film est intéressant et permet de découvrir  un personnage sympathique et complexe. Il ne nous reste plus qu’à approfondir la connaissance de sa personnalité par quelques lectures supplémentaires !

Bernard Bonnamour, Maître Philippe de Lyon, le chien du Berger, DVD L’Harmattan, 2006.

 

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