Terribles frissons

Minute rédigée par Frédérique Doucet

Inès, l’héroïne du roman de Carme Chaparro No soy un monstruo est, comme son auteure, journaliste récemment passée à l’écriture.

Pour élaborer son thriller, l’écrivaine s’est nourrie de certains faits divers sur lesquels elle a travaillé et a construit une histoire policière tournant autour de l’enlèvement et de crimes d’enfants.

Je ne vous dirai rien d’autre sur l’intrigue, de peur de la « divulgâcher » (néologisme qu’utilisent les québécois et qui vaut bien l’anglicisme habituel). Au cœur de ce roman, plusieurs thèmes sont abordés. C’est par ce biais que je vais vous en parler.

En premier lieu, la perte d’un être cher. Celle du père pour la policière Ana. Terrible, obsessionnelle, mais qui la pousse à agir, se surpasser et devenir une enquêtrice acharnée et sensible à la douleur d’autrui. Celle des enfants, ensuite, pour plusieurs protagonistes du livre. La plus terrible. Celle qui détruit, qui laisse un vide insondable et une immense incompréhension. Quatre ans, ce n’est pas un âge pour mourir, surtout des mains d’un assassin.

La question de la culpabilité est omniprésente, bien sûr. Celle du policier qui, malgré tous ses efforts, ne parvient pas à résoudre l’affaire et à retrouver le coupable du crime. Celle de la mère qui a perdu de vue son enfant un instant et ne le reverra plus. Celle de la journaliste qui nourrit son journal télévisé avec la douleur de ces parents éplorés et l’offre en pâture à des téléspectateurs avides de frissons.

En outre, le problème de l’écriture est très important dans le roman. Parce qu’elle a une belle voix et sait bien agencer les nouvelles pour plaire au public, une journaliste est-elle pour autant capable d’écrire un livre ? Dans ce contexte, la pression de son éditeur et des médias conduira Inès vers des chemins qu’elle aurait dû éviter.

No soy un monstruo aborde toutes ces problématiques. Il nous tient en haleine jusqu’à un dénouement inattendu et nous fait nous demander si, à l’intérieur de chacun de nous, il n’y aurait pas un monstre qu’il vaut mieux ne pas éveiller.

Carme Chaparro, No soy un monstruo, Madrid, Espasa, 2017. (Premio Primavera de novela, 2017)

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