Minute rédigée par Frédérique Doucet
Eric a neuf ou dix ans et sa mère, qui ne peut plus assumer sa garde, le confie à son père avec qui il part vivre à Bogotá.
À partir de ce moment, l’enfant va découvrir que la société colombienne est très inégalitaire. Il est, désormais, tiraillé entre deux mondes : celui auquel il appartient, où la vie est difficile et le travail pas toujours suffisant pour assurer une vie décente, et celui des « riches », les employeurs de son père, qui vivent dans l’opulence, ont des résidences secondaires et ne connaissent pas les problèmes de survie au quotidien.
Des deux côtés de la barrière cependant, ce sont des Gens de bien (titre du film).
C’est le père d’Eric, qui fait tout pour que son fils soit heureux et ne manque de rien d’essentiel. C’est par le travail qu’il tente d’assurer son indépendance et de conserver sa dignité. Et c’est ce travail que lui fournit la famille qui l’emploie. Ces gens riches ont compris qu’ils l’humilieraient en l’aidant d’une autre façon. Ils s’ingénient donc à lui trouver de l’ouvrage et, c’est sous ce prétexte, qu’ils accueillent père et fils dans leur maison de campagne. Pendant que son père exécute les tâches qu’il doit faire, Eric peut ainsi jouir de la piscine, ou d’autres activités, avec les enfants de la maison. Enfants qui n’ont cependant pas le même tact que leurs parents. Ils accueillent Eric et jouent avec lui, certes, mais ils lui font sentir aussi qu’il n’est pas de leur monde, qu’il les dérange un peu. Le jeune garçon ressent tout cela et, quoiqu’il lui en coûte, il devra faire en sorte de trouver sa place dans la société.
Dans ce film de Franco Lolli, il ne se passe rien d’extraordinaire ni de palpitant. L’action est avant tout intérieure. Ce sont de petites scènes de la vie quotidienne, assez banales, qui nous permettent de découvrir la richesse des protagonistes.
C’est un film aride, qui ne s’offre pas facilement. Cependant, si vous allez jusqu’au bout, il vous marquera durablement.
Franco Lolli, Gente de Bien, film franco-colombien, 2014.
