Une famille modèle

Minute rédigée par Frédérique Doucet

 9743a9bfc0d167dda83683862dd33f1bLa famille Puccio est la famille catholique exemplaire : unie, soudée, agréable, bien implantée et respectée dans le quartier. Arquímedes, Epifania son épouse et leurs cinq enfants prennent leurs repas ensemble, n’omettent jamais le bénédicité, vont à l’office du dimanche. Le fils aîné, Alejandro, champion de rugby, remporte tous les succès ; sa fiancée, Monica, est jolie et aimante. Tous les frères et sœurs s’entendent à merveille.

            Mais la famille Puccio vit en Argentine à l’époque plus que troublée de la dictature. Les temps sont durs pour tout le monde, même financièrement. Les enlèvements de personnes sont monnaie courante. Un de plus, un de moins, cela ne se verra pas et, si l’on demande une rançon conséquente, les finances familiales seront plus prospères… C’est ainsi que, soutenu par un colonel proche du régime, Arquímedes Puccio va élaborer et mettre en action un plan pour enlever, séquestrer et rançonner quelques riches personnes de sa connaissance. Il va être aidé par ses deux fils aînés qui vont prendre une part active aux drames qui se préparent. La famille Puccio est aussi un clan, tous participent, tous sont solidaires. De 1982 à 1984 leurs affaires sont florissantes. Les rançons sont payées, les victimes quand même exécutées. Mais avec le retour de la démocratie et la normalisation progressive de la société, le « métier » devient plus difficile à exercer. En 1985 toute la famille est arrêtée, condamnée à des peines plus ou moins importantes selon le degré de responsabilité et incarcérée ; la dernière victime, sauvée. Le clan est démantelé.

            C’est de ce terrible fait divers que le cinéaste Pablo Trapero s’est emparé dans El Clan pour nous faire vivre les heures noires d’un pays où, sous les dehors attirants d’une famille modèle, se cachaient en réalité d’effroyables prédateurs.

            L’acteur Guillermo Francella, généralement connu pour ses talents comiques, y incarne ici un Arquímedes intraitable, au regard d’acier qui vous glace les sangs et manipule sans merci toute sa famille, n’éprouvant jamais ni compassion ni remords. Le vrai Puccio est mort en 2013 refusant toujours de reconnaître les faits qui lui étaient reprochés.

Pablo Trapero, El Clan, film argentin, 2016.

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