Le dilemme de Gloria

Minute rédigée par Frédérique Doucet

Leilo

Chacun connaît le proverbe affirmant qu’il vaut mieux être seul qu’en mauvaise compagnie, mais est-ce toujours vrai? On peut, du moins, se poser la question et c’est exactement ce questionnement qu’illustre Gloria, personnage éponyme du film de Sebastián Lelio. Divorcée, mère de deux enfants qui ont leur propre vie et n’ont plus besoin d’elle, Gloria se sent seule. Pour tromper l’ennui et provoquer des rencontres, elle se pomponne et sort danser dans des clubs, boit, fume et goûte quelques aventures éphémères qui la laissent insatisfaite.

Elle cherche davantage, un compagnon de route sincère avec qui elle pourrait parcourir le chemin qui lui reste. Il se présente enfin. C’est Rodolfo, propriétaire d’un parc d’attractions, deux filles, divorcé. La romance redonne à Gloria des airs d’adolescente. Saut à l’élastique et partie de paint-ball organisés spécialement pour elle l’aident à oublier que son séducteur reçoit sans cesse des appels de son ex-femme et de ses filles (elles ne peuvent se passer de lui, explique-t-il). Gloria se pose des questions mais n’a pas envie d’y répondre trop tôt. Elle va même présenter son nouvel ami à sa famille lors de l’anniversaire de son fils. Ce soir-là, après avoir reçu un coup de téléphone, Rodolfo va partir sans rien dire à personne. C’est la première vraie fissure dans leur relation. Après un moment de froid, le bellâtre veut se faire pardonner en emmenant Gloria en week-end au bord de la mer. Hôtel de luxe, casino, belle vie… Là encore, l’amant disparaît et, comble du mauvais goût, lui laisse payer tous les frais du séjour.

De retour chez elle, Gloria est triste et dépitée. Elle aura bientôt la preuve que Rodolfo lui a menti tout le temps de leur idylle. Il ne cherchait qu’à s’évader un peu d’un foyer trop pesant, pour lui, cette aventure n’était qu’un jeu, un passe-temps, une respiration. Pour Gloria, il en allait tout autrement. Sérieuse et honnête, elle était prête à s’engager avec la foi des premiers jours. Humiliée dans son amour propre, elle se fera pourtant une raison. Quand Gloria retourne danser, elle enlève ses lunettes et reste dans le flou, sans voir son entourage. Elle est seule et alors ? N’est-ce pas préférable à ce qu’elle vient de vivre ? Elle a changé. Elle est prête à assumer sa situation et même, à l’apprécier !

Sebastián Lelio, Gloria, film chilien, 2013.

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