Une heure avec Leonardo Padura

Minute rédigée par Frédérique Doucet

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Une heure avec Leonardo Padura

La grève à Radio France a fait de moi une privilégiée : j’ai pu assister au  « non enregistrement » de l’émission de Christophe Ono-Dit-Bio Le Temps des écrivains qui ne sera donc pas diffusée sur France Culture le samedi, comme c’est l’habitude.

C’était le 28 mars 2015, à l’occasion du festival Quais du Polar qui se tient tous les ans à Lyon. L’invité du jour était Leonardo Padura. Dans cet espagnol chantant des Caraïbes, l’auteur cubain s’est exprimé sur plusieurs sujets.

            Tout d’abord, un mini scoop : quatre des ses livres avec Mario Conde vont être mis en images. Pour Padura, c’est à la fois une joie et un supplice. Quand l’écrivain devient scénariste, il participe à un carnage. Il lui faut couper, élaguer, supprimer. C’est souvent un crève- cœur : accepter de voir sa création lui échapper requiert une certaine humilité car il doit se mettre au service du réalisateur, aux ordres du producteur. Mais, c’est aussi un plaisir. Ce personnage, dont les lecteurs lui demandent déjà des nouvelles quand ils le  croisent dans les rues de la Havane, va s’incarner.

            Interrogé ensuite sur son dernier livre Herejes (dans lequel Mario Conde apparaît aussi), il explique qu’étymologiquement, l’hérétique est « celui qui choisit une autre voie ». Les hérétiques font souvent avancer la société. Le premier d’entre eux était Jésus, Spinoza en fut un autre. Grâce à eux (et à d’autres encore),  le monde et la pensée ont pu évoluer. L’écrivain doit être un hérétique. Il doit trouver sa voie et sa voix propres.

            À propos de Cuba et des critiques qui ont pu lui être adressées, il se rebelle un instant. Il ne supporte pas que des gens, qui passent une semaine à la Havane dans un hôtel cinq étoiles, se permettent de parler du pays comme s’ils le connaissaient depuis toujours. Lui publie à Cuba et à l’étranger, mais n’a pas de double langage. Il dit la même chose où qu’il se trouve. Il critique ce qui lui paraît critiquable, sans autre critère que l’honnêteté et la volonté de formuler les choses de manière à ne pas blesser inutilement. Il fait surtout attention à ne pas faire d’erreurs.

            Enfin, lorsque le présentateur lui demande comment il arrive à concilier littérature et journalisme (autre corde à son arc), il indique que ce ne sont pas des activités antagoniques mais complémentaires. Le journaliste parle des faits en train de se dérouler tandis que l’écrivain travaille sur un matériau fini.

            L’heure est vite passée ! Je serais bien restée à l’écouter plus longtemps. Je suis heureuse de partager avec vous ce moment enrichissant, qui ne fut pas le seul, car à Lyon ce week-end de mars, l’Amérique Latine était à l’honneur.

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