Minute rédigée par Frédérique Doucet
Je connaissais son nom, sa voix, sa réputation un peu sulfureuse de femme qui brûle la chandelle par les deux bouts, rien de plus. Aussi le biopic de Diane Kurys, sobrement intitulé Sagan, m’a-t-il fait découvrir un peu plus le personnage et donné envie de lire son œuvre. La performance de Sylvie Testud fait beaucoup pour donner de la crédibilité au film. Elle reprend sa gestuelle, son phrasé saccadé. Les maquilleur·s·ses ont fait aussi un travail exemplaire. On passe de la jeune fille à la femme mûre, dévastée par les excès, en étant persuadé que le temps est passé vraiment.
Françoise Sagan est une personnalité complexe et attachante, un vivant oxymore. Elle se lance dans la littérature sans trop y croire mais avec beaucoup d’énergie. Elle se lance et elle verra après. L’après, c’est le succès fulgurant et un peu scandaleux de Bonjour Tristesse qui va changer sa vie. La petite fille sage devient une personnalité en vue, acclamée ou décriée. Elle aime les soirées, la boisson, le jeu, les belles voitures et la vitesse. Elle dépense sans compter. Elle est entourée d’hommes et de femmes qui profitent de ses largesses : un Gatsby au féminin. Elle traverse la vie avec insouciance, du moins en apparence. En effet, c’est elle la narratrice du film qui conte ou écrit son histoire en voix off. On la voit toujours joyeuse et entourée alors qu’elle parle sans cesse de tristesse et de solitude.
L’important, pour elle, est d’aimer et d’être aimée. Mais ses amis l’aiment-ils vraiment ? Sont-ils présents quand elle a besoin d’eux ? Elle même, sait-elle aimer ? Deux maris éphémères, un fils plutôt délaissé et qu’elle ne veut plus voir, des amants et des amantes dont la dernière en date résout ses problèmes d’argent mais non de cœur.
C’est une femme qui sombre. Sur son lit de mort, à l’hôpital, seule une vieille et fidèle gouvernante l’accompagne. Triste fin. Comme un feu d’artifice dévasté par l’orage. Tous les spectateurs s’en vont. Plus rien à voir.
Diane Kurys, Sagan, film français sorti en 2008.
