L’Italie sous la botte

Minute rédigée par Frédérique Doucet 

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  Si je devais entrer dans les détails et l’analyse, il ne faudrait pas une « minute de Fred » mais une « heure de Fred » pour vous parler de ce roman de plus de 900 pages : La Storia, d’Elsa Morante !

En 1941, Ida Mancuso, jeune veuve de 37 ans, institutrice et mère d’un adolescent, Antonio dit Nino, est violée par un soldat allemand ivre, dans son appartement du quartier populaire de San Lorenzo à Rome.

À cette époque, la politique contre les juifs est déjà bien à l’œuvre et Ida, qui est à demi-juive par sa mère, est de plus en plus inquiète. Extrêmement timide, craintive, paniquée par les rafles qui ont lieu autour d’elle et s’excusant presque de vivre, cette femme s’exclut encore davantage et tente de cacher sa honte et sa grossesse à son entourage, en particulier à son fils.

Les cinq premiers chapitres nous plongent dans la guerre : celle des civils, non pas celle des combats militaires. On assiste à leur lutte journalière pour manger, se procurer des vêtements, trouver un refuge quand leur maison est détruite par un bombardement. Ils n’ont pas le temps de penser, ils sont comme des fourmis essayant de survivre dans une fourmilière qu’une botte aurait partiellement démolie.

Contrairement aux craintes d’Ida, Nino accepte avec une joie immense et sans poser de questions la naissance de son petit frère Giuseppe qu’il surnomme spontanément Useppe.  Ce nouveau venu éclaire tout le livre de son sourire et de ses yeux bleus. Les événements et la dureté des conditions de vie ne semblent avoir de prise sur lui…

La fin de la guerre, contée dans les deux derniers chapitres, n’offre cependant aucun répit au lecteur. La paix des armes n’est pas la paix des âmes. La guerre, tel un venin, a tout empoisonné. Aucun des rescapés n’est vraiment intact : ils sont mutilés, ne peuvent plus travailler ou, comme Ida, ont vieilli prématurément ; des rêves traumatisants les assaillent et les laissent épuisés au réveil. Cela touche même le petit Useppe  jusqu’alors si bien préservé.

La guerre est finie mais les décombres sont toujours présents, si les bâtiments peuvent se reconstruire en sera-t-il de même pour les personnes ?

Je vous laisse découvrir ou redécouvrir ce chef d’œuvre, comme Ida et Useppe vous n’en ressortirez pas indemnes.

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