Cette ombre qui hante

Minute rédigée par Frédérique Doucet

 Le thème du secret et de ses conséquences est au centre de bien des ouvrages. Ce que l’on croit enfoui ressurgit toujours au moment le plus inopportun et, le plus souvent, hante avant de se révéler.

C’est donc l’histoire d’un secret qui unit, taraude et parfois divise un groupe de sept amies que raconte le roman d’Elia Barceló, Las largas sombras. Deux époques sont évoquées. La jeunesse ardente et pleine de rêves des protagonistes en 1974 et, 33 ans plus tard, la vie souvent différente de celle que ces, désormais, cinquantenaires imaginaient.

Un drame venu ternir un voyage de fin d’études secondaires à Majorque et caché (sinon oublié) et sa possible révélation en 2007, relie les deux périodes.

La narration passe d’une époque à l’autre et s’attarde tour à tour sur l’adolescence, puis l’âge mûr de ces femmes.

La soif de vivre, de s’émanciper, d’étudier, d’être quelqu’un, nourrissait les illusions des sept jeunes filles à la fin de ces années de franquisme. Le carcan se déchirait, mais il fallait apprendre à vivre avec les marques qu’il avait laissées. Chaque adolescente traînait derrière elle de lourds secrets (maltraitance, inceste, homosexualité) impossibles à révéler car tabous.

S’il leur a été possible de se construire avec leur secret personnel, le secret collectif du drame de Majorque va, lui, distendre leurs relations et tordre leurs parcours individuels et professionnels.

La période 2007 donnera les clefs de ce qui s’est passé alors et, une fois la vérité dévoilée, permettra un nouveau départ aux amies.

Elia Barceló, Las largas sombras, Barcelona, Roca editorial, 2009.

Vous aimerez aussi...