Conceição Evaristo
L’une des grandes voix de la littérature brésilienne contemporaine
Consacrée personnalité littéraire de l’année 2019 par le célèbre prix jabuti, c’est à force de volonté et de courage que Conceição Evaristo devient écrivaine. Contrainte de travailler dès l’âge de 8 ans, elle réussira néanmoins à finir sa scolarité. Elle passe le concours d’institutrice à 25 ans et poursuit ses études, qui la mèneront à un doctorat en littérature comparée en 2011.
Bercée par les voix des femmes, sa grand-mère, sa mère, qui lui racontent des histoires, les histoires d’un peuple privé d’histoire officielle, elle devient écrivaine par nécessité, celle de donner voix aux sans voix, la voix de ce peuple descendant d’esclaves, la voix des femmes, détentrices de ces histoires, la voix des marginaux ou des subalternes, ceux que la littérature trop souvent oublie. Elle qualifie elle-même son écriture d’« escrivivência », une écriture indissociable de la vie et des souffrances endurées par les afro-brésiliens, qui continuent à payer le tribut de l’esclavage subi au long des siècles de la colonisation portugaise.
Après le recueil Poèmes de la mémoire et autres mouvements, traduit par Rose Mary Osório et Pierre Grouix, publié en 2019 aux éditions des femmes – Antoinette Fouque, nous retrouvons son écriture très particulière dans un recueil de nouvelles, Ses yeux d’eau, traduit cette fois par Izabella Borges (Université Clermont – Auvergne). Selon elle, l’autrice « donne aux corps de ses personnages un sens historique », elle « rend visible un corps qui vit et qui subit, qui aime et qui meurt sur les sillons de l’histoire de la civilisation. »
Lucie Palmeira