Plus près de vous… de loin

index dolanMinute rédigée par Frédérique Doucet

 « Pourquoi es-tu revenu ? » Voilà la question récurrente que lui pose sa famille. Après douze ans d’absence Louis s’attendait peut-être à une autre réaction, ou pas. Sa mère, son frère, sa sœur sont-ils encore ses proches ? L’ont-ils jamais été ? Qu’a-t-il de commun avec eux ? Il ne connaît même pas la profession d’Antoine, son frère ainé.

            Son retour vient rompre une routine qui s’était, semble-t-il, assez facilement installée sans lui. Louis, c’est l’intellectuel de la famille. Il est écrivain. Sa jeune sœur découpe consciencieusement les articles de journaux où sont déclinés ses succès. Sa famille l’admire de loin. Le réinvente sans doute, attend avec onction ses cartes postales, toujours brèves. Il n’oublie jamais les anniversaires, ça non !

            Alors, pourquoi ce retour ? « C’est juste un repas, ce n’est pas la fin du monde », entend-on dans la bande annonce du film, ce que le titre contracte ainsi : « Juste la fin du monde ». C’est très révélateur du climat qui va baigner ces retrouvailles.

            Derrière la violence verbale des affrontements autour des délicats petits plats préparés par leur mère, c’est l’angoisse et la peur de toute la fratrie qui est palpable. La souffrance aussi, l’incompréhension, l’impression d’avoir été abandonnés, méprisés sans doute, par ce frère si différent.

            Il souffre aussi, Louis. Et lui, l’écrivain, l’habitué des mots, ne parvient pas à parler ou si peu, pour mentir. Puis il repart. Sa mère pressent qu’il ne reviendra pas. Ce sera sans doute un soulagement pour tous, même pour Louis.

            Parfois l’amour, c’est mieux de loin.

Xavier Dolan, Juste la fin du monde, Grand Prix du festival de Cannes 2016.

Vous aimerez aussi...