2019… Mourir à Madrid

Minute rédigée par Frédérique Doucet 

lagrimas-en-la-lluvia-rosa-montero-1544-11780-MLA20048135330_022014-OMoi qui ne lis presque jamais de littérature de genre, j’ai fait coup double en dévorant Lágrimas en la lluvia  de Rosa Montero. En effet, il s’agit d’un roman policier de science fiction !

Policier parce que l’héroïne, Bruna Husky, est une détective qui se trouve mêlée, bien malgré elle, à un complot sociopolitique de plus en plus dangereux et inextricable qu’elle doit déjouer avec l’aide d’un policier, Paul Lizard.

Science fiction parce que la scène se passe à Madrid en 2109 et que cette même détective est une androïde, une « tecnohumana » plus familièrement appelée « replicante » ou « rep ». Elle a toutes les caractéristiques des humains (ayant été créée par eux, comme ses semblables) si ce n’est une espérance de vie limitée à 35 ans (soient dix ans reps) par un terrible fléau, une sorte de cancer, qui décime sans merci tous les androïdes.

La langue est alerte et la narration bien menée, en deux parties, l’une étant la trame proprement dite et l’autre des extraits d’archives reprenant l’Histoire et ses dates clefs, permettant de comprendre comment on en est arrivé là.

Bien entendu, toute ressemblance avec notre société et notre monde actuel n’est nullement une coïncidence !

Tous les problèmes auxquels sont confrontés Bruna, Paul et les autres sont une exacerbation directe de ceux que nous connaissons. Climatiques : certaines zones du globe ont disparu avec la montée des eaux. Écologiques : l’eau et l’air se paient à prix d’or et seuls les riches en bénéficient. Politiques : montée des extrêmes de tous bords, xénophobie, terrorisme. Sociaux : exclusion, ghettos où les pauvres sont rejetés.

Rosa Montero sait user de mots simples pour expliquer les phénomènes compliqués et nous faire réfléchir à des situations existantes en les mettant à distance par le biais de la science fiction.

En résumé, j’ai apprécié ce roman sauf la fin (environ 30 pages), le moment où l’auteur dénoue la conspiration. J’ai trouvé cela inutilement compliqué et peu convainquant.

Un happy end qui, malheureusement, n’est pas dans le ton du reste du livre. Malgré ce bémol, un livre agréable  à lire et qui ne manque pas d’intérêt.

Rosa Montero, Lágrimas en la lluvia, Barcelona, Seix Barral, 2011

En français aux éditions Métailié

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