Triste nouvelle

Minute rédigée par Frédérique Doucet

Bien qu’au centre de la nouvelle de Maupassant, Henri Parent est loin d’avoir l’étoffe des héros. Il est plutôt ce que, dans un langage moderne et trivial, on appellerait un « pauvre type ». Le genre qu’on ne remarque ni dans la rue ni en société, qui ne vous manque pas quand il n’est pas là.

Maupassant excelle à décrire ces personnages banals, communs, sans envergure. Henri Parent est l’un d’eux. Méprisé pour sa gentillesse et sa naïveté, il ne sait pas se défendre ou, s’il tente de le faire, paraît encore plus ridicule, hors sujet.

Sa souffrance est palpable. Elle le touche dans sa chair (son fils qui lui a été enlevé et qui n’est peut-être pas de lui). Il l’accepte, tente de vivre avec, et sombre, peu à peu, avec elle.

Rien de spectaculaire, rien de bruyant, pas de quoi faire un article dans un journal. Un naufrage progressif, comme il en existe des milliers, au cœur de la dépression ; lent, très lent ; triste et silencieux, insignifiant, oublié.

C’est une figure universelle que l’écrivain normand nous brosse ici. Rien de plus facile que de la transposer à notre époque, de s’identifier à son sort et de compatir à son malheur.

La littérature est comme un miroir dans lequel nous nous reconnaissons. La lucidité des grands écrivains reflète leur temps et l’avenir.

Guy de Maupassant, Monsieur Parent, (première nouvelle du recueil éponyme), édition Bibebook.

 

Vous aimerez aussi...