Mouvements sociaux et effervescence révolutionnaire dans le Cône Sud (1964-1976)

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AVANT-PROPOS

En accord avec le programme de civilisation latino-américaine de la session 2016 de l’Agrégation externe d’Espagnol et dans la continuité des lignes de recherches de l’Axe civilisation du Centre d’Études et de Recherche Hispaniques de l’Université Stendhal sur les problématiques de démocratisation et de mémoire, la Journée d’Étude « Mobilisations sociales et effervescence révolutionnaire dans le Cône Sud » visait à mettre en question l’intense politisation ayant eu lieu dans cette aire géographique dans les années 1960, en lien avec la montée en puissance des mobilisations de nombreux secteurs en Argentine, au Chili et en Uruguay dans la décennie précédente.

Dans le processus d’exacerbation des conflits sociaux et de radicalisations des secteurs politiques de la période considérée s’inscrivent à la fois les nouvelles mobilisations des organisations syndicales et politiques en place, les mobilisations étudiantes et enseignantes et l’émergence de nouveaux groupes politiques ouvertement révolutionnaires et d’organisations prônant un changement radical de système, notamment par le recours à la lutte armée. Poussées par leurs propres bases et par l’apparition de nouvelles organisations, les mobilisations syndicales et politiques traditionnelles sont en proie à une mutation profonde, et de nouvelles formes de pouvoir populaire voient ainsi le jour, tel que les étudie Franck Gaudichaud dans le cas du Chili Allende. Les luttes sociales et syndicales, ouvrières, enseignantes et étudiantes se répondent et s’unissent : aux revendications sectorielles s’ajoutent des revendications anticonformistes plus larges, c’est ce que montre l’article d’Antonio Ramos à travers l’étude du syndicalisme enseignant à Tucumán.

D’autre part, après le triomphe de la Révolution cubaine, émergent dans toute la région de nouveaux partis politiques ouvertement révolutionnaires et des organisations prônant un changement radical de système, notamment par le recours à la lutte armée. Les articles d’Eduardo Rey Tristán et de Rafael Pedemonte montrent bien les débats qui s’installent alors au sein de la gauche uruguayenne et chilienne et l’article de Cecilia González, portant sur trois expériences du cinéma militant argentin, offre une belle traduction culturelle de ces débats politiques.

Ces mutations de la scène politique et sociale sont aussi le fruit de l’apparition d’une nouvelle génération, comme en rend compte l’article de María Ferraro sur le « 1968 uruguayen », en explorant les relations entre ce phénomène, la restructuration  du secteur économique et financier et les tentatives de contention des mouvements contestataires qui caractérisent la période de montée de l’autoritarisme.

Au-delà, c’est donc également les suites de cette période où la révolution semble être « au coin de la rue » qui ont été interrogées: la naissance au milieu des années 1970 de dictatures dont la pratique systématique du terrorisme d’État dans la « lutte anti-subversive » contre tout opposant politique potentiel, au nom de la « Doctrine de Sécurité Nationale », consacre pleinement les pratiques répressives qui apparaissent dans la période antérieure (telles que celles de la Triple A, étudiée par Andrea Robles), tout en sonnant le glas des espoirs de changements nés au cours de la décennie précédente.

En situant dans leur contexte à la fois global, mais aussi régional, national et local certaines expériences de mobilisation politiques, sociales, syndicales ou encore culturelles se produisant à l’époque dans le Cône Sud pour tenter d’en dégager tant les points de convergences que les spécificités, c’est, en somme, à la compréhension et à la resignification des luttes sociales et politiques des années 1960 – à l’élaboration de cet « autre récit » évoqué par Jean-Baptiste Thomas après l’étude contextualisée des différentes lectures du « champ de bataille mémoriel » que constituent les années 1960/70 en Argentine – qu’ont cherché à contribuer les auteurs de ces articles réunis par nos soins et aimablement publiés ici par la Société des Langues Néo-Latines. Espérant ainsi répondre aux attentes des candidats à l’agrégation 2016, nous souhaitons également pourvoir de nouvelles pistes d’investigation et d’approfondissement des travaux de recherche menés jusqu’alors par les historiens et autres latino-américanistes.

Lauriane BOUVET

Doctorante contractuelle enseignante

Histoire latino-américaine

ILCEA4-Université Grenoble-Alpes

CEIU-Universidad de la República (Uruguay)

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